Les plus de 65 ans représentent la catégorie d’âge la plus engagée dans le bénévolat en France, soit 35% des 13 millions de personnes donnant de leur temps et de leur énergie pour aider les associations. Pourquoi ? Quelles sont leurs motivations ? Comment le bénévolat répond-t-il et pourrait-il répondre davantage aux attentes des séniors d’un côté et de la société de l’autre ? Explications.
Selon une étude Ifop pour l’association Recherches et Solidarités, la plus grande disponibilité est l’élément déclencheur le plus cité (30%) par les personnes qui se sont engagés dans le bénévolat. Une raison qui devient même centrale chez les plus de 65 ans (52%).
Toutefois si avoir plus temps permet en effet d’en donner aux autres, cela ne peut être la seule raison qui motive les bénévoles. « Si c’est une façon de s’occuper seulement, de nombreuses autres activités sont envisageables. Si c’est une façon de survivre parce qu’on a perdu des responsabilités, cela représente un risque pour le bénévole comme pour l’association et ses bénéficiaires qui pourraient être déçus », explique Jacques Malet, président de l’association Recherches et Solidarités.
Pour lui, cet engagement s’anticipe. Aux seniors de se poser les bonnes questions. Qu’ai-je envie de faire à la retraite ? Vers quelle association vais-je me tourner ? Quel projet me passionne ou me donne envie de m’y consacrer ? « L’idéal, si possible, est de s’interroger et de prendre contact avec quelques associations avant d’être à la retraite », souligne Jacques Malet.
Pour autant, le bénévolat peut réellement être une voie d’épanouissement et d’action. Chez les retraités en particulier. Être utile à la société et aux autres, agir de façon concrète ou lier des relations aux autres sont autant de raisons qui donnent du sens au bénévolat et à ceux qui s’engagent sur cette voie.
C’est aussi un engagement qui valorise ou révèle les compétences d’un bénévole. « Il y a trois types de compétences, estime le président de Recherches et Solidarités. Celles qu’on a et qu’on ait conscients d’avoir. Celles qu’on a mais qu’on n’est pas conscients d’avoir, et que l’on pourra découvrir dans une association. Quelqu’un qui pendant toute sa vie a plutôt été effacé, timide par exemple, va se trouver bien dans ses baskets et très efficace dans une association. Et, on le sait moins, mais les associations peuvent aussi apporter des compétences en matière de prise en charge, de gestion, de droit ou d’organisation. Le terrain est formateur ».
Devenir bénévole peut donc prendre un sens tout particulier à l’heure de la retraite. Pourtant, si les seniors représentent la majeure partie des bénévoles en France, il existe comme pour les autres catégories d’âge une fracture associative.
La clé du bonheur ?
Les personnes moins formées et touchant de plus petites retraites sont bien moins représentées parmi les bénévoles que les anciens cadres. La raison est sans doute financière. Mais pas seulement. « Les personnes modestes ont évidemment du cœur et des compétences à offrir. Mais elles l’ignorent souvent et ne les ont sans doute jamais mises en pratique parce que cantonnées dans des boulots pas très intéressants par exemple. Aujourd’hui il existe donc une sorte d’autocensure. Les gens modestes se disent que ce n’est pas pour eux, qu’ils ne vont pas oser, que ce n’est pas leur monde ou qu’ils auraient l’air ridicule. Il faut au contraire faire passer ce message que les associations sont un lieu fabuleux pour un brassage social extraordinaire. A condition d’y entrer », assure Jacques Malet.
Quant à ceux qui fuiraient le bénévolat par peur de la contrainte, ils peuvent se rassurer. « Disponibilité ne veut pas dire présence permanente ou présence physique à tous les coups. On peut aujourd’hui intervenir à distance via le numérique, dans la communication, la comptabilité, la documentation… Les associations savent maintenant mobiliser du savoir-faire à distance », explique encore Jacques Malet.
Les associations sont donc un lieu pour faire avec les autres, se sentir utile, apprendre, partager et voir le résultat d’actions concrètes. Autant de facteurs qui participent au bonheur. Une étude anglaise de l’University of Exeter Medical School, dirigée par Suzanne Richards, conclue que le bénévolat est bon pour le moral et la santé. Le risque de dépression serait ainsi diminué tandis que le bien-être mental et le niveau de satisfaction seraient renforcés. Un résultat que confirme également le travail d’une équipe internationale de neurobiologistes, lequel démontre que la relation entre générosité et bonheur s’observe dans le cerveau. « Les retraités peuvent donc user du bénévolat sans modération », s’enthousiasme Jacques Malet.