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La canicule en maison de retraite, comment s’y préparer ?

Publié le30-07-2020

2003, une canicule sans précèdent marque les esprits ; plus de 15 000 décès selon le ministère des Solidarités et de la Santé. Cet épisode a entrainé la création du Plan National Canicule. Modifié chaque année, il définit 4 niveaux d’intervention : veille saisonnière, avertissement chaleur, alerte canicule, et mobilisation maximale. Cela témoigne de l’importance d’être préparé à ces épisodes de forte chaleur, notamment dans les EHPAD et les Résidences Services Seniors qui accueillent des populations à risque. Dans ce contexte de COVID-19, les bonnes pratiques changent. Voici quelques éléments pour y voir plus clair :

 

Comment classifier les différents épisodes de fortes chaleurs ?

 

[1] Afin de bien comprendre les mesures à mettre en place lorsque les températures grimpent, il peut être utile de différencier quatre grades :

  • Le pic de chaleur: généralement, cela renvoie à une période de chaleur intense pendant une courte durée. Le risque est important pour les personnes fragiles. Le niveau de vigilance météorologique jaune y est associé.
  • Un épisode persistant de chaleur: cela correspond à une période de forte chaleur supérieure à 3 jours. Le niveau de vigilance météorologique jaune y est également associé.
  • La canicule: cette période de chaleur intense affecte l’ensemble de la population et les IBM (Indicateur Bio Météorologiques) dépassent les seuils départementaux pendant 3 jours et 3 nuits consécutifs. Le niveau de vigilance météorologique orange y est associé.
  • La canicule extrême: il s’agit d’une canicule qui perdure dans le temps et dans l’espace géographique. L’impact sanitaire est très important quel que soit le profil du sujet. Le niveau de vigilance météorologique rouge y est associé.

En fonction de ces « stades de chaleur », les mesures à appliquer peuvent varier, et la vigilance est à adapter.

 

Pourquoi les personnes âgées sont-elles tant à risque face à la chaleur ?

 

L’enjeu est réel pour les seniors. En effet, ils éprouvent une difficulté à s’adapter en période de forte chaleur. Mais pourquoi ? Plusieurs éléments peuvent l’expliquer.

Les capacités de leur corps sont réduites à plusieurs niveaux : la perception de la chaleur, les capacités de transpiration (cf. ci-dessous), la sensation de soif et enfin la capacité de vasodilatation du système capillaire périphérique qui limite l’augmentation du débit sudoral face à la chaleur.

Autre élément : la fonction rénale des seniors est souvent altérée, ce qui demande une vigilance particulière pour maintenir un équilibre hydroélectrolytique correct (rapports entre les différents électrolytes et l’eau contenus dans l’organisme). Il s’agit donc de prévenir l’hyponatrémie de dilution (un taux anormalement faible de sodium dans le sang) plus que la déshydratation en elle-même.

Enfin, le nombre de glandes sudoripares (celles qui sécrètent la sueur) diminue avec l’âge. Or, en période de chaleur intense, les seniors stimulent constamment ces glandes, qui au bout de quelques jours, s’épuisent. Dès lors, la production de sueur est réduite et la température centrale du corps augmente. Cela est fortement lié au fait que les capacités de seniors sont souvent réduites avec l’âge :  l’énergie demandée pour activer ces glandes est alors trop importante.

 

Quels sont les sujets âgés à surveiller particulièrement ?

 

[2] Pour répondre à cette question, réfléchissons à deux échelles.

Au niveau individuel, les personnes à surveiller sont celles :

  • De grand âge, dépendants, invalides, isolés ou vivant dans la précarité
  • Qui ne connaissent pas les mesures de prévention développées ci-dessous (au niveau vestimentaire, alimentaire…)
  • Qui ont certaines pathologies chroniques impliquant la consommation de médicaments qui réduisent leur capacité à s’adapter à la chaleur
  • Qui ont des troubles de la mémoire, mentaux, du comportement ou des difficultés de compréhension et d’orientation.

Au niveau de l’environnement, il s’agit d’être vigilant dans deux situations :

  • Si la chambre ou les parties communes se rafraîchissent difficilement (dernier étage, grandes baies vitrées, absence de volet,…)
  • Si l’environnement est urbanisé ou s’il n’y a pas d’accès à un lieu rafraîchi pendant la journée

 

Quels sont les risques liés à la chaleur pour les seniors ? Quels sont les signes à repérer ?

 

[2] De manière générale, les symptômes liés à la chaleur sont les suivants :

  • Grande faiblesse
  • Fatigue
  • Etourdissements
  • Vertiges
  • Troubles de la conscience
  • Absence d’urine pendant 5 heures
  • Nausées, vomissements
  • Crampes musculaires
  • Fièvre (température supérieure à 38,5°C)
  • Agitation nocturne inhabituelle

Dans les situations extrêmes, le senior peut être victime de deux urgences :

  • Une déshydratation sévère* (muqueuse sèche, perte de poids, hypotension) qui implique une réhydratation rapide
  • Un coup de chaleur (peau rouge, température supérieure à 40°C, troubles neurologiques centraux…) qui nécessite une réanimation intensive liée à une humidification de la peau par de l’eau fraîche et la mise en place de ventilation pour favoriser son évaporation.

Attention, il faut bien distinguer ces 2 cas de figure car les actions à mener sont différentes pour en contrer les effets. Trop hydrater un senior qui serait victime d’un coup de chaleur est inutile et représente même un risque de surcharge hydrique. Pour être fixé, il peut être utile de réaliser un bilan électrolytique. En tant que soignant, repérer ces signes est un réel atout car cela permet d’anticiper les besoins des seniors.

* Pour rappel : la déshydratation correspond à l’élimination quasi complète de l’eau contenue dans les tissus de la peau. Les signes les plus fréquents sont l’hypotonie des globes oculaires ainsi que la sécheresse de la muqueuse labiale. Il existe deux types de déshydratation :

  • Extracellulaire: hypotonie des globes oculaires, perte de poids, hypotension, tachycardie, veines plates, pli cutané persistant
  • Intracellulaire: soif intense, sécheresse des muqueuses, troubles neurologiques, hypernatrémie

 

Quelles sont les obligations réglementaires en EHPAD ?

 

[1] En vertu du décret n°20056768 du 7 juillet 2005, le plan Bleu a été créé pour assurer la qualité de prise en charge des seniors en EHPAD en situation inhabituelle. Celui-ci détaille les modalités d’organisation en cas de crise sanitaire. L’objectif est d’anticiper les fortes chaleurs et de s’adapter le plus rapidement possible pour que la qualité du service ne soit pas dégradée.

L’application de ce décret, déclenchée par le directeur d’un établissement ou par le préfet, est fondé sur 5 éléments :

  • Une convention pour définir les modalités de coopération et d’échanges pour prévenir la vague de chaleur
  • Un référent, que ce soit un directeur ou un médecin coordinateur, pour être responsable pendant la crise
  • Un protocole d’information pour rassurer les résidents et la famille
  • Des recommandations pour le personnel en cas de canicule
  • Un protocole en cas d’alerte ou d’urgence

De plus, les EHPAD doivent avoir à disposition au moins une pièce rafraichie dans la structure pour l’animation. D’ordinaire, les résidents y ont accès lors de pics de chaleur, mais nous verrons qu’en période de COVID-19, les mesures peuvent varier.

Enfin, l’établissement doit établir un dossier de liaison d’urgence pour chaque résident. L’objectif est de faciliter l’intervention des médecins extérieurs.

 

Faut-il prendre des mesures spéciales lors des épisodes de fortes chaleurs dans ce contexte de COVID-19 ?

 

[3 & 4] Dans cette période de COVID-19, l’impact sanitaire lié à l’exposition à la chaleur doit être limité. Cependant, certaines précautions particulières sont à prendre.

Les climatisations :

Les systèmes de climatisation doivent impérativement être contrôlés par des professionnels. L’objectif est de vérifier leur bon fonctionnement à tous les niveaux : aération, assainissement, température, humidité, CO2…

Il y a deux cas de figures :

  • Si la climatisation fonctionne 100% avec un air neuf, le port du masque n’est pas obligatoire. La distanciation physique suffit.
  • Si la climatisation fonctionne avec un air recyclé, elle doit être coupé 15 minutes minimum avant que les résidents n’entrent dans la pièce pour le repas et le port du masque est obligatoire.

Les ventilateurs :

Il est possible d’installer un ventilateur dans une pièce où se trouve une seule personne. En présence de plusieurs personnes, il faut les arrêter impérativement. Ainsi, dans les espaces collectifs, il est important de couper tout ventilateur dès que plus d’une personne se trouve dans la pièce [6].

 

Quelques conseils aux soignants et accompagnateurs pour limiter les risques :

 

[1] De manière très pratique, plusieurs conseils peuvent vous aider durant les périodes de grosses chaleurs :

  • Tracer la consommation d’eau des résidents pour s’assurer de leur hydratation grâce à une distribution de bouteilles dans leur chambre. Faire boire au minimum 1,5 litres par jour. Pour les utilisateurs de nos solutions Dona Care ou Generation Care, des messages quotidiens peuvent être envoyés directement sur la montre pour rappeler aux résidents de s’hydrater. Eviter l’alcool, les boissons trop sucrées ou caféinées.
  • Eviter l’alcool, les boissons trop sucrées ou caféinées
  • Adapter les menus pour favoriser des plats frais et légers
  • Rafraîchir le corps des seniors en utilisant des vêtements légers
  • Assurer la toilette avec de l’eau tiède
  • Inviter les familles afin d’inciter leur proche à s’hydrater

 

De plus, plusieurs études approfondies donnent des conseils à appliquer avant la canicule pour prévenir les effets de la chaleur.

Au niveau de l’architecture du bâtiment et du matériel :

  • Vérifier que l’occultation des fenêtres est possible
  • Envisager d’arroser les façades du bâtiment les plus exposées au soleil
  • Repérer les pièces difficiles à rafraîchir
  • Préparer une pièce restant fraîche pour les résidents
  • Vérifier le fonctionnement de la climatisation et des ventilateurs
  • Préparer des brumisateurs, des serviettes légères ou des lingettes à humecter d’eau

Au niveau de l’organisation et du fonctionnement :

  • Repérer les personnes les plus à risques et les peser régulièrement
  • Créer des protocoles de surveillance et de prise en charge en cas de grosses canicules
  • Vérifier les stocks de solutés de perfusion
  • Contrôler les possibilités de distribution de boissons fraîches
  • Vérifier avec la famille que les résidents possèdent des tenues adaptées pour l’été

 

Nos seniors n’aiment pas les fortes chaleurs ! Or, de nouvelles vagues de canicule semblent arriver en France. Préparez votre établissement et vos équipes en amont pour aborder plus sereinement ces périodes à risque pour vos résidents… Comme nous sommes tous concernés, retrouvez le plan canicule ICI.

 

Attention à la canicule !

 

Victoire de Lambilly

 

 

SOURCES :

[1] https://www.infirmiers.com/ressources-infirmieres/prevention-sante/plan-canicule-2017-proteger-personnes-agees.html

[2] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Les_recommandations_canicule_.pdf

[3] https://www.synerpa.fr/661-canicule_fin_de_l_alerte-2.html 

[4] https://sfgg.org/espace-presse/covid-19-et-canicule-etat-des-lieux-et-recommandations/

[5] https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2020/canicule-et-fortes-chaleurs-une-surveillance-et-des-mesures-de-prevention-adaptees-au-contexte-epidemique-de-la-covid-19 

Tags : A la une, EHPAD, Résidence, Santé : prévenir la fragilité