Thierry Keller est rédacteur en chef de Usbek et Rica, magazine consacré au futur et contributeur de Génération Care. Il était intervenu lors de notre « JAM », événement d’open-innovation qui a réuni des baby-boomers autour du thème « dans un monde qui change, vieillir est un futur à inventer ». Il s’est également rendu à la 4e conférence TEDxParis du 13 septembre, consacrée à la génération Z, sur le thème « le nouvel âge dort ? ». Il nous donne ses impressions comparées sur ces deux événements.
Génération Care : Qu’avez-vous pensé de cette édition du TEDxParis consacrée aux jeunes ?
Thierry Keller : Elle m’a donné la pêche ! Moi qui suis habituellement assez cynique et ne souhaite surtout pas verser dans le jeunisme, je dois reconnaître que ce TEDxParis m’a réellement attendri. J’avais un peu peur d’entendre un discours un peu donneur de leçons sur le thème « Vous, les sales vieux »… Mais finalement les jeunes intervenants ont réussi à ne pas être pontifiants ni moralistes et je suis sorti de cette édition très enthousiaste.
G.C. : Quelle comparaison faites-vous entre le JAM organisé sur la thématique du vieillir autrement et ce TEDxParis sur la jeunesse ?
T.K. : Je pense qu’il y a une divergence et une convergence ! La divergence est dans l’utilisation qui est faite de la technologie. Au JAM, il y avait un petit mouvement de recul, avec l’idée de vouloir « rester entre êtres humains ». Le « solutionnisme technologique » était plutôt vilipendé alors que les intervenants du TEDxParis montraient une volonté d’utiliser davantage la technologie, avec notamment l’intelligence artificielle ou la recherche scientifique. En outre, les jeunes s’interrogent moins sur les conséquences éthiques de la technologie. Ils n’y réfléchissent pas, l’utilisent comme si toutes les questions avaient déjà trouvé une réponse. Il y a là un petit hiatus avec les baby-boomers qu’il serait intéressant d’analyser.
G.C. : Quelle serait la ressemblance entre les deux groupes ?
T.K. : C’est l’optimisme ! C’est connu, la France est un pays collectivement pessimiste mais individuellement optimiste. Chaque personne présente au TEDxParis était en train de se relever les manches pour participer, pour réinventer. C’était un peu la même philosophie au « JAM », avec l’émulation collective qui y contribue.
G.C. : Ne faut-il pas réunir baby-boomers et jeunes, imaginer un TEDxParis ou un JAM intergénérationnel ?
T.K. : Ce serait intéressant d’organiser un dialogue intergénérationnel un peu formalisé et voir ce qui se passe. On pourrait probablement y observer cette différence d’approche sur la technologie, et essayer de délimiter les points de convergence. Sans tomber dans les poncifs « de notre temps », je remarque que lorsque l’on interroge les vieux sur les jeunes, ils ont tendance à les plaindre : « Ah, mes pauvres, vous avez les attentats, vous n’aurez pas de retraite, vous avez plus de chômage, de crise… » Je crois que les jeunes ne le vivent pas vraiment comme ça ; pour eux, la crise est là, ils le savent. Ils savent que cela ne sera pas facile, mais ils ont envie de l’avenir.
G.C. : Et vous, vous croyez en l’avenir ?
T.K. : Je préfère être aujourd’hui qu’hier et demain qu’aujourd’hui. C’est sûr, Lorsque l’on parle de l’avenir, il faut vouloir se mettre dedans. Et moi, j’ai plutôt hâte de demain !
Propos recueillis par Sandrine Goldschmidt
Pour en savoir plus : Le monde du travail vu par la Génération Z