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La réalité virtuelle, un outil pour les EHPAD ?

Publié le22-04-2021

La réalité virtuelle connaît un véritable engouement : son utilisation commence à se démocratiser, la commercialisation des équipements s’accélère et les utilisateurs sont très satisfaits. Prédestinée à un usage récréatif pour le grand public, il n’y avait qu’un pas à faire pour que son usage s’invite dans d’autres domaines d’activité. Et l’enjambée s’est faite rapidement. La réalité virtuelle s’utilise maintenant dans l’aviation, l’ingénierie, et bien évidemment dans la santé. 

Aujourd’hui, la réalité virtuelle est un outil pour les EHPAD. 

Dans quelles mesures l’utilise-t-on ? Quels sont les bénéfices pour votre établissement ? Et comment familiariser les seniors avec cette nouvelle technologie ? 

Découvrons ensemble. 

 

Qu’est-ce que la réalité virtuelle ?

 

Avant toutes choses, il est important de faire la distinction entre réalité virtuelle et réalité augmentée. La réalité augmentée est une technologie qui permet d’intégrer des éléments fictifs (3D ou 2D) à un flux d’images réelles. Cette technologie possède un large champ d’application : des caméras de recul aux logiciels de pilotage en passant par les philtres photos, on la retrouve un peu partout.

La réalité virtuelle désigne quant à elle une technologie simulant l’immersion dans un monde virtuel généré par un logiciel informatique.

Les sens de l’utilisateur vont être stimulés auditivement, visuellement, olfactivement et tactilement par différents équipements électroniques, qui vont renforcer la sensation d’immersion lors de l’expérience.

Le plus souvent, les expériences de réalité virtuelle s’articulent autour de l’utilisation des casques de réalité virtuelle, qui ont connu un réel engouement depuis le rachat de la technologie Oculus Rift par Facebook en 2014 et la commercialisation grand public qui s’en est suivie en 2016 (1)

Placés devant les yeux de l’utilisateur, le casque de réalité virtuelle  va isoler visuellement l’utilisateur de l’environnement extérieur. Des capteurs interceptent les rotations de têtes sur 360°, les transmettent à un logiciel qui les interprète, et qui les retranscrit sur l’écran placé devant les yeux du porteur. L’utilisateur explore visuellement en temps réel à 360° un environnement virtuel.

Les casques fonctionnent généralement en complémentarité d’un ordinateur ou d’une console de jeux. Les dispositifs les plus accessibles (casques en carton) permettent une lecture immersive des vidéos en 360° en y fixant dessus son smartphone.

D’autres dispositifs complémentaires peuvent venir enrichir l’immersion. Des manettes permettent de contrôler les déplacements ou d’effectuer des actions si l’environnement est interactif. Les casques audio émettent un son en directionnel, renforçant l’illusion d’espace et de distance.

Enfin, grâce à un tapis directionnel, les déplacements réels de l’utilisateur sur le tapis, sont retranscrits dans l’univers virtuel. Un moyen ludique de favoriser l’activité physique.

Certains gants “haptiques” synthétisent artificiellement des stimuli sensoriels, via des senseurs, persuadant l’utilisateur de toucher un objet inexistant. Cependant, ces dispositifs restent difficilement accessibles, car très onéreux et donc souvent réservés au domaine de l’industrie.

 

Comment peut-on utiliser la réalité virtuelle au service des résidents ? 

 

Cette capacité à synthétiser un environnement immersif totalement virtuel n’a pas échappé au domaine de la santé.

Des « thérapies en réalité virtuelle » ont fait leur apparition en tant que solutions non médicamenteuses, avec des applications bien précises :

 

1- Les thérapies contre les phobies et les thérapies comportementales 

 

La réalité virtuelle s’utilise aujourd’hui pour traiter les comportements phobiques. Équipé d’un casque RV (Réalité Virtuelle), l’utilisateur est progressivement exposé au sujet de sa peur (araignée, chiens, foule, etc.). La réalité virtuelle se montre particulièrement utile dans cette situation  :

-Elle peut re-créer à moindre frais des paramètres spécifiques à une phobie qui seraient onéreux ou difficiles à générer. (ex : vol en avion, vide, etc.)

-Elle permet de moduler et contrôler l’exposition à l’objet déclencheur, sans surexposer ce dernier à l’utilisateur. Le patient est moins susceptible d’être découragé par une expérience trop intense et sera ainsi moins enclin à abandonner la thérapie.

 

Les casques de réalité virtuelle se sont ainsi imposés comme un outil intéressant pour renforcer la collaboration entre patients et psychothérapeutes dans les désensibilisations phobiques. (2)

 

2- La Gestion de la douleur 

 

Les appareils de réalité virtuelle peuvent également être utilisés comme antalgiques durant les opérations médicales. Particulièrement efficaces auprès des enfants ou des personnes âgées, les casques de réalité virtuelle permettent de détourner l’attention et d’apaiser le patient pendant l’administration des soins ( injections, changement de pansements, traitement des brûlures, etc.). Comparée à d’autres moyens de distraction, la réalité virtuelle offrirait un degré de réduction de la douleur et de l’anxiété bien plus significatifs. (3)

 

3- La rééducation physique 

 

La réalité virtuelle a su trouver sa place dans les séances de rééducation physique souvent vécues par les patients comme rébarbatives. Combinés à des exercices de kinésithérapie sous forme de jeux, les casques de réalité virtuelle apportent une dimension ludique, et suscitent l’engagement du patient dans la thérapie.

KineQuantum s’est notamment spécialisé dans le domaine. Depuis 2015, l’entreprise travaille sur la rééducation physique des patients grâce à un mix équipement-logiciel certifié dispositif médical. Les professionnels de la santé équipent leurs patients avec un casque de réalité virtuelle, couplé à un programme d’exercices de rééducation. Le programme enregistre les mesures durant toute la séance et retranscrit l’évolution des progrès effectués par le patient, pour le praticien.

La réalité virtuelle offre la possibilité au patient de s’immerger totalement dans l’exercice de rééducation, et de s’affranchir de la douleur ainsi que de la peur du mouvement.

 

4- La lutte contre la dépression et les troubles anxieux 

 

La réalité virtuelle peut être utilisée comme thérapie non médicamenteuse, dans les EHPAD notamment, pour apaiser l’anxiété et prévenir l’apparition de la dépression chez les résidents. Équipé d’un casque de réalité virtuelle et épaulé par un accompagnateur, le patient est immergé dans un univers relaxant (forêt, plage etc) ou dans un scénario interactif. L’utilisateur est amené progressivement à exprimer son ressenti, ses maux et à partager des souvenirs. Certains scénarios interactifs amènent par exemple  l’utilisateur à réconforter un enfant en train de pleurer. Le patient écoute ensuite ses propres phrases de réconfort. Ces thérapies aident les utilisateurs à devenir plus patients, compatissants et moins critiques envers eux-mêmes. (4)

L’expérience d’immersion virtuelle peut être couplée à des exercices respiratoires.

 

5- Autres applications 

 

Les champs d’application de la réalité virtuelle dans le domaine de la médecine ne cessent d’augmenter. Une équipe de chercheurs allemands du Centre des maladies neurodégénératives de Bonn, développent un jeu fonctionnant via la RV (Réalité Virtuelle) permettant de détecter les symptômes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer.

D’autres pistes pour lutter contre les troubles du sommeil et de l’attention sont explorées. Leur application concrète devrait voir le jour rapidement.

Par ailleurs, dans le cadre du projet Virtuage, les entreprises KineQuantum et Lumeen cherchent à mesurer l’impact de l’utilisation de la Réalité Virtuelle Immersive sur les personnes âgées. Ce projet est mené en collaboration avec l’Institut des Sciences du Sport Santé de Paris, et soutenu par la région Île de France. (5)

 

Quelles sont les précautions à prendre ? 

 

Si l’utilisation des thérapies virtuelles présente de nombreux bénéfices pour les utilisateurs, et des précautions sont à prendre, dans certains cas particuliers.

Les constructeurs déconseillent l’utilisation des casques de réalité virtuelle chez les porteurs de pacemakers, prothèses auditives ou autres dispositifs médicaux électroniques. Les ondes électromagnétiques émises par le casque peuvent potentiellement interférer avec le fonctionnement normal de ces prothèses. Il est recommandé de préserver une distance de 15 cm entre les dispositifs médicaux et le casque de réalité virtuelle. Pensez aussi à demander l’avis d’un professionnel de santé. (6)

Les constructeurs mettent aussi en garde sur l’effet des écrans utilisés dans les casques de réalité virtuelle. Comme tous les autres écrans LED, ils peuvent provoquer des crises d’épilepsie, même chez les utilisateurs n’y ayant pas été sujet auparavant. Il faut donc rester prudent, et connaître les bons comportements à adopter en cas de crise.

Une des limites des casques de réalité virtuelle peut être la sensation de mal des transports (ou cinétose) chez certains utilisateurs. Équipé d’un casque, le champ visuel de l’utilisateur perçoit des mouvements qu’il traduit comme un déplacement. Cette information rentre en dissonance avec l’oreille interne qui va indiquer, à l’inverse, un état d’immobilité.

Pour y remédier, il est possible de paramétrer l’expérience (mode d’affichage, vitesse de déplacement, etc.) pour qu’elle convienne au mieux à l’utilisateur.

Une seconde limite peut apparaître, liée à une désynchronisation de l’œil entre la convergence et l’accommodation. Cette désynchronisation provoque un état de fatigue visuel. L’utilisateur peut être sujet dans certains cas à des migraines, ou des nausées. Il faut alors naturellement écourter la séance et accorder un temps de repos aux yeux.

Il est recommandé de privilégier des séances en pleine journée, d’une durée de 2 heures maximum suivies de 15 minutes de repos pour les yeux. En effet, les casques sont équipés d’écrans numériques à lumières bleues et sont placés assez proche des yeux. Le Ministère des Solidarités et de la Santé rappelle que les LED bleues utilisées dans les écrans peuvent perturber le cycle veille-sommeil lorsque l’utilisateur y est exposé en fin de soirée.

La meilleure des précautions à prendre reste de s’entourer de professionnels qualifiés, qui sauront vous accompagner dans l’intégration d’outils basés sur la réalité virtuelle au sein de votre établissement. Ils pourront vous informer clairement sur l’organisation de la thérapie, animer directement les séances avec les résidents, et réagir en cas de difficultés.

 

Aujourd’hui, les professionnels de la santé ont saisi le potentiel que peuvent représenter les thérapies virtuelles pour le bien-être des patients en hôpital et des résidents en EHPAD. De nouvelles études sur l’impact de ces thérapies voient progressivement le jour et de nouvelles solutions sont continuellement développées.

Et si vous décidiez de faire le pari de la réalité virtuelle pour vos résidents ?

Alors vous êtes prêts ?

Immersion dans 3..2…1…

 

GIF-réalité virtuelle

 

Raphaël PASCOT

 

(1)https://fr.statista.com/statistiques/578262/recettes-mondiales-issues-des-ventes-de-visiocasques-de-realite-virtuelle/

(2)https://www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2001-2-page-39.htm

(3)https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5729141/

(4)https://www.topsante.com/medecine/troubles-neurologiques/alzheimer/alzheimer-un-test-de-realite-virtuelle-pour-predire-la-maladie-des-30-ans-607275

(5) https://www.topsante.com/medecine/psycho/depression/la-realite-virtuelle-au-secours-de-la-depression-609615

(6)https://i3sp.recherche.parisdescartes.fr/wp-content/uploads/sites/55/2021/02/CPGERONDIFEtudVIRTUAGE110221.pdf

(7)https://www.oculus.com/legal/health-and-safety-warnings/

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